La très dynamique famille Saadé a une profonde passion pour le vin. Alors que la production de leur vin se poursuit et que leurs cicatrices physiques guérissent, leurs cicatrices mentales sont beaucoup plus profondes… Découvrez l’histoire de deux domaines, deux pays et deux vins de guerre.
La famille Saadé est établie dans la région de Laodicée (Syrie), de Tripoli (Liban) et dans la région du Mont Liban. Son histoire remonte aux XVIIIe et XIXe siècles, lorsque la famille était active dans le commerce, le transport et l’industrie maritime. Ce n’est donc pas un hasard si la génération actuelle, le père Johnny Saadé et ses deux fils Karim et Sandro, ont dans le sang l’esprit d’entreprise de leurs ancêtres et ont réalisé un vieux rêve : malgré les nombreuses épreuves et revers, produire un vin exceptionnel dans la vallée libanaise de la Bekaa.
Un terroir légendaire
Johnny Saadé n’aime pas faire les choses à moitié, au contraire. Il s’est lancé totalement dans l’aventure, visant le niveau des grands crus. Il avait des vues sur une région viticole historique et a lancé deux projets ambitieux au Moyen-Orient. L’un des projets se situe dans le nord-ouest de la Syrie, une région montagneuse coupée en deux par le fleuve Oronte. Il s’agit de la renaissance d’un vignoble millénaire mais oublié appelé Mont Bargylus.
Les Romains d’abord, puis les Grecs ont développé ce vignoble qui couvrait une grande partie de la chaîne de montagnes. Pourtant, la vigne est apparue ici bien plus tôt, plus de mille ans avant l’époque gréco-romaine. A peu près à la même époque où l’argent et l’alphabet ont été créés. Bargylus est le nom du domaine, son identité, c’est-à-dire le lien entre le terroir d’aujourd’hui et la grandeur des temps passés.
L’autre projet est situé dans la vallée de la Bekaa au Liban et ses vins sont commercialisés sous le nom de Château Marsyas.
De nombreux défis à relever
Lorsque la famille Saadé s’est lancée dans ce projet ambitieux il y a 18 ans, elle n’imaginait pas que cette aventure serait parsemée de tant d’obstacles : la guerre en Syrie, la crise financière et économique au Liban, le Covid-19 et plus récemment l’explosion du port de Beyrouth.
La production de vin en Syrie est un défi majeur en soi, étant donné le manque de culture et d’infrastructures viticoles. La tâche est devenue encore plus difficile avec le déclanchement de la guerre. Les frères Saadé n’ont pas pu visiter le domaine depuis le début du conflit en 2011. En plus des problèmes de sécurité évidents, Bargylus est également confronté à un défi logistique : la récolte est gérée par téléphone par les deux frères. Des échantillons de raisin sont envoyés en taxi pour être dégustés à Beyrouth afin de déterminer les dates de vendange de chaque parcelle. Les tests de laboratoire sont effectués à l’extérieur du pays et l’exportation des vins est également extrêmement complexe.
L’explosion qui a eu lieu à Beyrouth le 4 août 2020, tuant des centaines de personnes et en blessant des milliers, a été un autre coup dur pour la famille. L’explosion s’est produite à 600 mètres des bureaux administratifs du Château Marsyas et du Domaine de Bargylus. A ce moment, Johnny R. Saadé, ses fils Karim et Sandro ainsi que la majorité de l’équipe étaient encore au bureau. Le bâtiment a été complètement vévasté et le père Johnny gravement blessé.
L’avenir
Malgré ces lourdes épreuves, la famille Saadé envisage l’avenir de manière positive. Par exemple, le Château Marsyas travaille actuellement avec plusieurs autres vignobles pour mettre en place un système d’AOC au Liban. Ils reconstruisent également leurs bureaux administratifs, tandis qu’ils continuent à travailler en étroite collaboration avec notre bon ami et consultant international Stéphane Derenoncourt.
Malgré l’explosion et la crise politique et économique au Liban, la viticulture n’y est pas aussi difficile qu’en Syrie, qui souffre également d’une crise économique et d’une dévaluation de sa monnaie. Il n’en reste pas moins qu’il est difficile de gérer un vignoble à distance dans un pays en guerre et qui ne dispose pas d’une culture viticole moderne établie. Néanmoins, la famille retire une énorme satisfaction de ses vignobles car incontestablement, ils produisent des vins de grande qualité.
Les vins
Sur leurs 65 hectares de vignes, la Syrah, le Cabernet-Sauvignon, le Merlot et Petit Verdot pour les rouges ainsi que le Sauvignon Blanc et le Chardonnay pour les blancs murissent dans des conditions optimales, 900 mètres au-dessus du niveau de la mer dans un terroir d’argile et de calcaire.
Le climat méditerranéen et l’altitude élevée sont garants à la fois de la puissance et de l’élégance des vins. Le sol calcaire est parsemé de rochers, ce qui apporte à la vigne l’humidité nécessaire à son épanouissement. Heureusement, l’influence maritime et le caractère minéral apportent une fraîcheur bienvenue à ces vins de caractère puissants.
Le vignoble du Château Marsyas
Le domaine s’étend du nord au sud entre le Mont Liban et l’Anti-Liban à une altitude de près de 1000 mètres. Ce sol rouge, riche en fer, forme un sol d’argile et de calcaire favorable à la vigne. Ce calcaire oblige les racines de la vigne à creuser profondément dans la terre pour rechercher les nutriments dont elle a besoin. Cela se traduit au palais par une fraîcheur qui compense la vigueur naturelle des vins.
Le climat méditerranéen et l’altitude élevée sont responsables à la fois de la puissance et de l’élégance des vins. De plus, le sol est calcaire et parsemé de rochers, ce qui apporte à la vigne l’humidité nécessaire. Heureusement, l’influence maritime et le caractère minéral apportent une fraîcheur bienvenue à ces vins de caractère puissants. Le vignoble du Domein Bargylus Typiquement méditerranéen, Bargylus allie avec élégance puissance et finesse : la gamme aromatique est déterminée par le fruit frais et la minéralité qui se dégage des sols très caillouteux. En bouche, on sent l’équilibre entre la douceur qui provient d’un bon ensoleillement et la fraîcheur de la salinité